Maria Kakogianni. Occupassions, urgences et surmenages

Face au nouveau régime de vitesse qui, du burn-out à l'État d'urgence, poussent nos existences "à bout", l'écrivaine et philosophe Maria Kakogianni ouvre nos attentions aux résistances sensibles et politiques. Depuis que TINA (There Is No alternative) s’est imposé comme voie unique et unique voix sur nos situations collectives et singulières, l’Etat d’urgence perpétuel et la gestion permanente de la crise et par la crise imposent un rythme frénétique d’agitations. A côté du régime autoritaire qui agit sur les actions par l’interdit, un autre régime disciplinaire du faire s'est développé : faire trop. « Agis de telle manière que tu puisses être surmené », tel semble être le nouvel impératif qui gouverne les conduites en même temps qu’une sorte d’« anesthésie » est prescrite au sensible pour rendre supportable la situation. Pourtant, depuis quelques années, des nouveaux printemps précaires des peuples semblent surgir, avec des formes inédites de « mobilisation » qui ne se contentent pas de dénoncer ce pouvoir mais inventent des manières de lui échapper : faire en ne faisant rien, passer de la forme émeutière et agitée à celle apaisée et continue de l'occupation qui ouvre à de nouvelles occupassions : des modes de sentir et de faire expérience au-delà de la demande de vitesse perpétuelle. C'est à ces changements de vitesse qui impliquent aussi des changements d'attention quant à ce que nous reconnaissons comme « action » et comme « mouvement social » que cet atelier s'attachera, au croisement de l'exploration sensible, philosophique et politique. Car pour toucher ces nouvelles formes de luttes il nous faut aussi entrer dans une lutte des formes : se déformer un peu pour se reformer autrement.